« Qui est la taupe ? Il y en a un dans le groupe qui balance ce qu’on garde alors que c’est dur de ne pas le dire. Il nous a lâché, a eu besoin de le dire, peut-être par vengeance. On l’a mal vécu car on était tous en train de se serrer les coudes mais tout est balancé« , indique un joueur qui fait état de l’ambiance au sein du groupe alors que la vidéo de Romain Molina expose la situation du FC Libourne au grand jour. Visionnée plus de 74 000 fois, elle met en lumière la gestion du club, qualifiée de la pire du milieu du football français pour la saison 2023-2024. Les joueurs l’avouent désormais : tout ce qui est indiqué est vrai : paiement en cash, président qui exige être aligné dans l’effectif de l’équipe réserve en régional 2 ou encore insultes sur whastapp.
Quand la vidéo sort, il y a un peu de colère au sein du groupe. Un joueur parle alors que tous avaient décidé de garder pour eux les dysfonctionnements car l’équipe première joue la montée en National 1. Mais désormais que la saison est finie, la rancoeur est passée et finalement, ils ont tous envie de mettre au grand jour ce qu’ils ont vécu, expliquant une fin de saison compliquée sportivement. La majorité des joueurs étaient salariés du club et ne vivaient que de ça. Ils ont fait abstraction des retards de paiement et ont joué le jeu malgré les difficultés personnelles que les soucis financiers pouvaient amener. Ils jouent la première place, très longtemps et finissent par craquer : « dans ces conditions, on peut rester concentrés sur un ou deux matchs mais pas plus longtemps« , précise le joueur. Depuis mars, les joueurs ne sont pas payés, en avril, ils commencent à ne plus avoir de résultats, rongés par leurs situations personnels engendrées par des salaires non versés.
Ils ont aussi dû gérer les secousses de leur président, malgré la situation : lors du match à domicile contre Bergerac, Mondheur Madhi dit aux joueurs qu’ils sont des « tocards ». Le président se justifie en précisant : « j’avais trouvé un partenaire, qui nous suivait avec 4 millions d’euros sur la table. Mais, il ne venait que si la montée était au bout. La montée était cruciale pour l’avenir du club et des joueurs. En finissant deuxièmes ou troisième, l’investisseur est parti« . Mais pour les joueurs, c’est violent : « il a bien calculé de le dire à la mi-temps. Nous étions dans notre match. On se devait de tenir pour les coéquipiers et s’entraider. Le président a eu la chance d’avoir un bon groupe de bons mecs. Et, personne ne lui a mis le couteau sous la gorge pour faire les propositions de contrat lors de notre arrivée. Mais finalement, la seule chose qui me dérange, c’est le manque de respect qu’il a eu pour nous. Tout le monde peut avoir des problèmes. Mais, il ne faut pas mentir« , confie le joueur.
Les joueurs ont aussi joué le jeu financièrement : « on n’a eu aucune prime de match et lors d’une réunion, nous avons décidé de laisser la prime de Coupe de France au club. Alors, on ne peut pas dire qu’on joue pour l’argent. Aujourd’hui, on n’est plus énervé par la situation. On est résigné. Quand cela commençait à sentir le roussi, il aurait dû laisser sa place mais n’a pas voulu. La gestion financière a été pitoyable. Il nous a même envoyé le lien de la cagnotte leetchi pour maintenir club. Alors qu’on n’est pas payé, il nous demande de l’argent. C’est triste car ce n’est pas notre problème, on ne lui avait pas mis le couteau sous la gorge pour définir les salaires. Et sans ces soucis, on avait une carte à jouer pour monter en National 1. On voulait le faire mais psychologiquement, on est résigné ».
Certains ont entamé des procédures et d’autres attendent de connaitre l’avenir du club afin de savoir s’ils repartent dans l’aventure. « C’est dommage nous les joueurs mais ceux qui le souhaitent retrouveront un club. Je suis triste pour les éducateurs et les bénévoles. C’est la première fois que je vis ça. Le point positif, c’est qu’on se demande : qu’est ce qui peut nous arriver de pire ? », regrette le joueur.
Le président Mondheur Mahdi annonçait dans l’hebdomadaire Le Résistant, vouloir rester au club malgré la situation mais ne souhaitait plus être le seul à injecter de l’argent d’autant que sur ses 4 sociétés, 3 sont en liquidation judiciaire et la dernière en redressement. Il semble que la situation ait changé puisque ce samedi matin, Philippe Buisson, maire de la commune indiquait sur Facebook : » M. Mondheur Mahdi m’a fait part hier soir de sa volonté de démissionner de sa présidence du FC Libourne.
Malgré deux saisons sportives réussies au cours desquelles il a injecté personnellement dans le club des moyens considérables, nous avons convenu ensemble qu’il s’agissait sans aucun doute d’une décision sage et opportune.
Il a depuis confirmé cette intention auprès du staff et des joueurs du club.
Il lui appartient désormais de l’officialiser formellement et dans les règles, c’est à dire en remettant, dans les heures à venir, sa démission au conseil d’administration du FC Libourne.
Cette instance devra ensuite prendre des décisions rapides sur l’avenir du club et convoquer une assemblée générale sur la base d’un état précis de la situation financière du FCL.
La ville de Libourne sera aux côtés de tous ceux qui souhaite contribuer à donner une perspective sereine à ce club, en pensant bien entendu à l’équipe fanion mais en pensant surtout aux centaines de jeunes qui fréquentent cette école de foot et qui doivent avoir des garanties pour la rentrée prochaine« .
Il n’est donc pas garanti encore que l’équipe fanion du club évoluera en National 3 la saison prochaine.