Pedro, cela fait un an que tu as quitté Bassin Arcachon. Qu’as tu fait durant cette année?
Sur le plan professionel, j’ai élargi mes interventions auprès de l’Institut régional de Formation de la Ligue Nouvelle Aquitaine, avec la formation des dirigeants en plus de celle des éducateurs. Une perspective nouvelle donc qui me fait découvrir un angle de vue différent de celui qu’on a quand on est coach. Les échanges avec les présidents de clubs de toute la région sont très enrichissants et renforce ma connaissance du foot régional tout en déconstruisant certains préjugés que l’on peut avoir sur cette frange de nos clubs.
Sur le plan personnel, l’arrivée de mon fils en janvier 2018 a été le point de départ d’une nouvelle vie pour moi ! Un vrai régal, une belle fierté pour toute la famille et surtout beaucoup d’occupations ! Ça motive, dynamise et enrichit une vie !
As-tu regretté ce choix ?
Pas du tout. Quand sur le plan éthique ça ne fonctionne plus, c’est qu’il n’y a plus le minimum pour avancer. Je continue de penser que c’était la meilleure chose pour tout le monde et surtout pour le club. D’ailleurs, la situation actuelle de l’équipe première me donne peut-être raison … puisqu’elle a pu préparer sa saison actuelle en faisant un recrutement performant. On en voit les résultats aujourd’hui. La situation du projet sportif est plus difficile avec une équipe réserve et une politique de jeunes qui ont été impactées mais ce sont des orientations de club qu’il faut respecter.
Même si le football ne reste qu’un loisir, comment as-tu vécu cette période?
Me concernant ce n’était pas un loisir puisque c’était mon activité professionnelle principale. Un contrat de travail à temps complet pour entrainer… Quand j’ai décidé de partir, j’ai mis ma famille en danger en renonçant à un salaire… C’était une décision lourde de sens pour moi, je ne l’ai pas prise au hasard, ni à la légère.
Moralement cela a été la descente aux enfers… Pendant les six premiers mois, j’ai complètement rejeté le foot de ma vie. Je me suis coupé de tout : les gens du foot, les actualités du foot régional, les joueurs, les collègues entraineurs etc… Et j’ai énormément souffert. A chaque fois que je tombais sur un article en lien avec mon ancien quotidien, cela me faisait mal. Faire face « au qu’en dira-ton » c’était difficile aussi !
« J’ai énormément souffert »
La nuit, tu ressasses tout ce qui s’est passé, tu analyses, tu fais ton auto-critique et quand tu as fini tu recommences… insomnie sur insomnie… Une dépression en somme.
Je n’ai pas pu répondre aux sollicitations de club que j’ai reçu en mai et juin derniers parce que j’étais dévasté. Un sentiment indescriptible, très dur à vivre. Je l’ai caché à mes proches parce j’avais honte. Je me suis enfermé et j’ai pensé que je ne serai plus apte à entrainer.
Après, je suis peu à peu sorti de cette mauvaise passe en m’ouvrant un peu plus, en commençant à reprendre contact avec le milieu du foot de par mon travail et je me suis aperçu de la bienveillance des gens à mon égard ce qui m’a fait beaucoup de bien. J’en profite d’ailleurs pour remercier toutes les personnes qui ont eu des messages de sympathie à mon égard à cette période là. A ce titre, une mention toute particulière pour Michel Fadeuilhe, ancien président bien connu du FCBA qui a validé mon arrivée au club à l’époque, a tout fait pour que mon départ du club se réalise proprement et avec qui je continue de m’entretenir régulièrement dès que j’ai le plaisir de le croiser. Un homme droit comme il est rare d’en trouver aujourd’hui.
Est-ce que le football te manque aujourd’hui ?
Oui, il m’a manqué chaque seconde. Comme toute passion, il y a des sentiments antagonistes et souvent excessifs. J’ai ressenti inconsciemment ce besoin de couper avec le foot et je pense maitriser le pourquoi aujourd’hui : mieux le retrouver.
Cela fait partie de mes bonnes résolutions pour 2019 ! J’espère retrouver un club, une équipe, un vestiaire et un terrain et prendre du plaisir. Cela a été un processus long, beaucoup de temps pour digérer mais je suis à nouveau prêt.